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Proche aidant et soignant

Une affaire privée devient un modèle d’activité avec une mission sociale

Depuis plus de cinq ans, Léa Sutter (nom d’emprunt) prend soin de son mari qui, alors qu’il travaillait encore, a développé les premiers symptômes d’une démence en combinaison avec une maladie psychique. La mémoire déclinante et l’état mental instable de son mari obligeaient Léa de plus en plus souvent à l’accompagner et à le guider dans ses activités quotidiennes et au fil du temps aussi durant la nuit.

Proche aidant et soignant

Léa a ainsi échangé son rôle de mère au foyer pour leurs deux enfants élevés conjointement puis devenus indépendants avec le rôle de proche aidante. Elle a dû aussi stopper son retour à son activité professionnelle en tant qu’infirmière; les exigences de soins pour son mari étant devenues trop intenses et instables, même lorsque ce dernier faisait de longs séjours en clinique.

De retour à la maison, il semblait inévitable pour le couple qu’ils avaient besoin de l’aide des soins à domicile. Le fait que Léa ait pu se faire engager par la structure de soins à domicile en tant que proche aidante pour son travail avec son mari était une contribution bienvenue à son revenu, pour sa prévoyance professionnelle et, également, une forme de reconnaissance sociale et une sécurité.

La contribution de Léa et de tous les proches aidants en matière de soins et d’accompagnement est d’une importance capitale pour les soins de santé en Suisse. En particulier dans le domaine des soins aux personnes âgées, l’engagement personnel et financier des proches aidants est devenu indispensable. Dans le même temps, les changements sociaux mettent en péril les ressources familiales: les familles sont plus petites, la mobilité géographique augmente, le taux de divorce aussi, et la participation croissante des femmes au marché du travail signifie qu’elles sont moins à la maison. Simultanément, la durée de la période de besoin en soins pour les personnes âgées est prolongée par les progrès de la médecine et le développement démographique. Il y a aussi une pénurie croissante de professionnels de la santé. Dès lors, de nouvelles approches pour contrer ce dilemme sont nécessaires.

Depuis 25 ans, le canton des Grisons a l’opportunité juridique et l’expérience nécessaires pour donner aux particuliers une perspective de carrière dans le secteur des soins en devenant employés d’une organisation de soins à domicile. Pour de nombreux autres cantons, c’est la décision du Tribunal fédéral de 2006 en Thurgovie qui a été révolutionnaire. Depuis celle-ci, l’emploi de proches aidants est légalement ouvert aux services de soins à domicile si la structure de soins est un prestataire de services agréé, qu’un contrôle est effectué par du personnel infirmier qualifié et que les critères d’efficacité, d’opportunité et d’économicité des services en vertu de l’art. 32 LAMal sont garantis.

Dans ce contexte, Qualis Vita offre des opportunités d’emploi pour les proches aidants dans toute la Suisse, pour autant qu’ils aient au minimum une formation de base dans les soins comme celle d’auxiliaire de santé de la Croix-Rouge. . Les conditions d’emploi concernant le taux d’activité, les évaluations régulières, la réglementation des heures de travail, les périodes de repos, les heures et le travail supplémentaires, le travail de nuit/week-end ainsi que les vacances et les jours fériés ne diffèrent pas de celles des autres employés de l’entreprise. Le respect des obligations liées au secret professionnel ainsi que la documentation des soins s’appliquent également. À cette fin, les proches aidants sont formés aux processus standards de Qualis Vita et instruits conformément aux normes de sécurité et de qualité applicables.

L’infirmière référente effectue une évaluation des besoins sur place afin de déterminer les soins qui seront effectués par le proche aidant. Cette évaluation permet de définir non seulement quels services, mais aussi par qui, à quelle fréquence et comment ils sont effectués. Les possibles conflits de rôle ou d’éventuelles surcharges émotionnelles sont également discutées. Il en résulte une planification des soins axée sur des objectifs spécifiques au moyen du catalogue de prestations RAI-HC et d’un plan de travail pour le proche aidant, qui selon les cas peut être soutenu par d’autres soignants de la structure de soins à domicile. Le soutien continu de l’infirmière de Qualis Vita est là pour maintenir la situation des soins à domicile stable, détecter des complications éventuelles à un stade précoce, et prévenir les urgences, par exemple l’apparition d’escarres, d’une infection pulmonaire, de la muqueuse buccale ou des voies urinaires ou bien de phases de décompensation. À cette fin, une coopération étroite et tournée vers l’avenir avec les proches aidants est très importante.

En plus du savoir-faire professionnel, une relation émotionnelle stable est essentielle à la réussite des soins; d’une part entre le proche aidant soignant et la personne nécessitant les soins mais aussi avec l’équipe des soins à domicile. Ainsi, les personnes ayant besoin de soins peuvent bénéficier d’une partition réussie du travail et retrouver une partie de leur qualité de vie.

„ En tant qu’employée d’une organisation de soins à domicile, je reçois un salaire pour les soins prodigués à mon époux. De plus, je bénéficie du soutien des infirmières et d’une moindre charge financière. La documentation quotidienne par de brefs rapports de soins m’aide à repenser, justifier et adapter mes activités de soignante. Je sens non seulement que je fais quelque chose de bien, mais aussi que mon travail est reconnu et apprécié dans la société. Après plusieurs séjours en clinique, mon mari est enfin autorisé à vivre un petit rêve d’être soigné et accompagné à la maison dans son environnement familier.“


Léa Sutter, proche aidante et soignante de Qualis Vita

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